La commune de Macheren est formée depuis des siècles de deux petites bourgades paisibles, qui n’ont pas beaucoup évolués en termes d’infrastructure et de population jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale.

L’augmentation de la population a alors été accompagnée de construction d’infrastructures : réseau d’eau, électricité, groupe scolaire, et cité. Cependant depuis 30 ans le village s’est encore transformé davantage avec la réalisation de trottoirs, d’un réseau d’assainissement, d’aires de jeux, de la salle multi activité, du stade, des lotissements et de toutes leurs extensions, permettant à la commune de proposer ce cadre de vie qui est si cher aux habitants.

Cependant, si Macheren est cette commune résidentielle si appréciée, elle ne s’est pas façonnée en un jour et c’est son histoire si riche qui la rend unique. Et parce qu’il est important de savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va que nous vous présentons cet historique de la commune, ce travail ayant été rendu possible grâce à notre historien : Eddy Pira dont nous nous sommes inspirés de l’érudition et dont le travail nous a permis de rédiger cet article.

I) Les origines des deux villages au Moyen Age (1100 -1500)

Les premières origines écrites de la commune de Macheren émanent de 1121, date à laquelle le petit village de Mâchera apparaît. En 1176, Macheren se dit « Macera », un nom qui se réfère à un lieu -dit d’origine latine « maceria » qui signifie mur ou clôture. En 1221, on parle de Mackern, puis Macker ou Machdre en 1289. Le nom sera francisé en 1489 en Maizière les Hombourg, par la suite on parlera de Macheren ou Machern.

Concernant Petit-Ebersviller, la graphie Ebersveiller est apparue en 1185. Elle est issue d’« Eburo » (nom d’un homme germanique) et du latin « villare ». En 1221 on écrit Erenbbrhetzwilre issu de Ernberter wilari, le hameau d’une personne s’appelant Ernber(h)t. En 1356 on dit Ebrechweiller, puis en 1420 Ebersveiller auquel on va ajouter « la Petite » pour distinguer le village d’Ebersviller près de Boulay et de Farébersviller.

Macheren et Petit-Ebersviller forment alors au Moyen-âge une métairie de la seigneurie épiscopale de Hombourg-Saint-Avold. Très peu d’éléments permettent de connaître les origines exactes des villages, quand bien même il se dit que la « bataille de Macheren », en 1131, dans laquelle le duc de Lorraine aurait vaincu le comte de Bar, s’est déroulée en réalité dans la ville de Koenigsmacker.

Durant le Moyen-âge, l’Évêché constitue un fief à Macheren, dont est investi au XIV ème siècle Marsilius, châtelain du comte de Sarrebruck ; le fief est acheté en 1344 par Wéry de Torcheville, bailli de l’Évêché, l’ancêtre des Créhange.

En 1490, le fief épiscopal de Macheren est transmis à Jean de Hérange qui possède alors à Macheren le droit de perception de différentes redevances.  

Petit-Ebersviller se développe en parallèle. L’’évêque Guillaume de Trainel (1264-1270) engage le village d’Ébersviller à l’abbaye de Saint-Avold ; son successeur Laurent de Lichtenberg rembourse le gage en 1272. En 1360, l’évêque Adémar cède la moitié du village à Ludemann de Büden qui lui rend hommage quelques années plus tard.  

En 1486, la moitié du village de Petit-Ébersviller et quelques biens à Macheren forment un fief épiscopal, détenu alors par Jean de Wickersheim, dit Sachs, et en 1490 par Jean de Fénétrange et Jean de Hérange.

II) La mairie dans le duché de Lorraine et la guerre de 30 ans (1500-1650)

En octobre 1582, les habitants de Macheren et Petit-Ebersviller prêtent serment de fidélité au duc de Lorraine, Charles III. Il nomme des seigneurs qui entreprennent un genre de recensement de la population. En 1586, il y dénombre environ une trentaine de familles imposables : 17 pour Macheren et 13 pour Petit-Ebersviller. Ces familles représentent alors environ 150 habitants. En 1603 Balthazard d’Arconat, seigneur et gouverneur du château de Hombourg, engage des travaux dans le secteur de Lenzviller et démarre la construction d’une ferme et d’une chapelle attenante.

Malheureusement, la guerre de trente ans (1618-1648) est dévastatrice pour toute la région. Les villes et villages sont incendiés et les habitants s’enfuient dans la forêt, ou essaient de se réfugier dans le château de Hombourg en payant une redevance. Pendant cette période la terre n’est plus cultivée, les vivres viennent à manquer et la région connait une épidémie de peste. Le comportement brutal du gouverneur de Hombourg, Philippe de Gellencourt, qui maltraite et fait arrêter les maires pour n’importe quelle affaire n’aide pas à arranger la misère des habitants.

III) Émergence au XVIIIème siècle – Les églises des deux villages (1650-1750)

A la fin de la guerre de 30 ans le village de Macheren est totalement désert. Cette information est transmise par Henriette de Lorraine au Duc de Lorraine qui entreprend alors de repeupler le village et sa région en faisant venir des colons de différentes provinces françaises, mais aussi de Suisse, d’Autriche et d’Allemagne. En 1681, les Delavigne, seigneurs de Fürst, ont pris possession de Petit-Ebesrviller. On compte en 1724 à Macheren, environ 40 familles soit une population d’environ 200 habitants avec des enfants de moins de 10 ans. Le village de Petit-Ebersviller est cédé en ce qui le concerne en 1729 au baron de Henningen.

En 1736, la chapelle de Lenzviller est fermée à la suite de conflits religieux. En 1750 l’église de Macheren est détruite et sa reconstruction se termine en 1760 où elle accueille 200 personnes et possède 3 allées pour les processions. L’église de Petit Ebersviller est reconstruite en 1753 avec des fonds issus de la paroisse, des dames religieuses de Saint Avold, des seigneurs Cailloux et O’Moor de Valmont et les Gilot de Fürst.

IV) Révolution et changements

En 1790, à la suite de la Révolution de 1789, Petit-Ebersviller, rattachée à Macheren depuis des siècles, devient commune à part entière. En mars 1793, est élu le premier maire de la nouvelle commune de Petit-Ebersviller en la personne de Lorentz Glad.

Mais, le 21 octobre de cette même année, la chapelle de Lenzviller est menacée de destruction ; le citoyen Hening, curé de Saint Avold, dénonce les agissements du curé Schneider de Seingbouse et l’accuse de vol de cierge et d’offrande. Le directoire félicite le citoyen Henin et considère que « les chapelles bâties par esprit malentendu de religion entretiennent le fanatisme et les esprits faibles et qu’il est urgent de les démolir »

Cette démolition n’a finalement pas lieu.

V) Retrouvailles municipales et paroissiales

Au début du 19ème siècle, sous le règne de Napoléon Bonaparte, les deux communes évoluent individuellement. En 1802 l’église de Macheren est rattachée à Guenviller et l’église de Petit-Ebersviller à Saint Avold. Cette situation ne dure que 10 ans ; en 1811 Petit-Ebersviller est de nouveau réunie à Macheren. Le maire de la nouvelle commune s’appelle alors Nicolas Hoff ; il est maréchal ferrant et habite Petit-Ebersviller. Les conseillers municipaux sont au nombre de 12, avec 7 d’entre eux qui sont issus de Macheren et 5 de Petit-Ebersviller.

VI) Demande d’annexion et nouveau clocher

En 1835, la préfecture demande à la commune de Macheren d’annexer Marienthal, mais le conseil municipal refuse car il estime que la distance entre les deux villages est trop importante et poserait trop de problèmes pour les réunions. A la même époque le clocheton de l’église Saint-Thomas menace de s’effondrer. Ainsi il est pris la décision de construire un nouveau clocher et d’agrandir l’église étant donné que la population a doublé en 50 ans.

VII) L’école dans la commune

Au début du 18 ème siècle, les enfants de Petit-Ebersviller bénéficient d’une nouvelle école au sein du bâtiment qui sert actuellement de mairie. Pour Macheren, l’acquisition d’un bâtiment est officialisée en mars 1845.

VIII) Milieu du 19ème siècle mouvement

En 1848, Petit-Ebersviller tente de se détacher de Macheren, via la création d’une commission spéciale. Cette demande n’aboutit pas, mais est renouvelée à la fin des années 1850 tout en étant également rejetée. Une troisième tentative est effectuée en 1861, mais connaît le même succès que les 2 précédents.

Petit-Ebersviller ne devient pas commune autonome, l’administration considérant que le village n’est pas assez peuplé.

IX) Problème d’eau et de loup

Au 19ème siècle Petit-Ebersviller connait deux problèmes : le manque d’eau permanent et la présence du loup alors que Macheren qui ne connaît pas de problème d’eau doit faire face également à la présence des loups.

Les fontaines sont trop éloignées du village, inabordables en période de crue et à secs lorsqu’il y a peu de pluie.

Ainsi le maire qui veut remédier à cette situation, propose la création d’une fontaine dans le village en y amenant l’eau d’une source intarissable.

Il est acté la construction d’une fontaine avec lavoir et abreuvoir dans le milieu du bourg.

Cependant quelques années plus tard en 1869, le village manque à nouveau d’eau et doit attendre jusqu’en 1903 pour que des nouveaux travaux améliorent l’alimentation en eau de la commune.  Concernant le loup un arrêté du préfet de la Moselle autorise sa chasse, ce qui réduit sa présence.

X) L’annexion allemande en 1870 et les réalisations sous l’autorité du Kaiser

En 1871, après la guerre franco-allemande de 1870, une partie de ces territoires, correspondant aux actuels départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle, intègre l’Empire allemand. Durant cette période plusieurs bâtiments sont construits comme la maison forestière et probablement le lavoir de Macheren. Certains équipements comme une pompe à incendie, ou encore l’orgue de l’église de Macheren sont achetés au cours de cette époque. On note également un changement de nom de la commune qui s’appelle alors « Gemeinde Machern ».

En 1886 la chapelle de Lenzviller est interdite par l’évêché, et n’est rouverte que dans les années 1900 grâce à l’abbé Watrin, qui y mène les travaux de rénovation (fossé suite infiltration d’eau, armoire de sécurité, coffre-fort, boiserie de la nef, peintures) dans les deux églises ainsi que la construction d’un clocher, de la grotte de Lourdes et celle du Saint-Sépulcre.

L’horloge installée en 1904 qui sonne les heures et les ½ heures sur une seule cloche, et les ¼ d’heures sur deux petites cloches, va radicalement changer la vie des habitants de la commune.

En 1912, il est décidé de créer une grande salle en supprimant les murs intérieurs de bâtiments achetés en 1908.

Ce local est destiné à accueillir les enfants de Petit-Ebersviller pour leurs enseigner le catéchisme. Il est ensuite transformé en maison d’œuvres.

En 1914, la première guerre mondiale éclate : seize jeunes gens de la commune laissent leur vie en servant pour la plupart dans l’armée allemande.

XI) 1918 : le retour à la France

Le  11 novembre 1918, est signée l’armistice qui sonne la fin de la première guerre mondiale. Un mois plus tard à Macheren et Petit Ebersviller se tient une séance du conseil municipal où est faîte la proposition que Macheren et Petit Ebersviller deviennent communes indépendantes. Leur population est importante : 360 personnes pour Macheren et 280 pour Petit Ebersviller.

Après analyse de cette requête l’administration préfectorale ne donne pas son accord et refuse cette résolution. Un an plus tard il est voté la conservation du nom de Macheren pour l’ensemble de la commune.

Au début des années 20 la municipalité installe l’électricité qui bouleverse la vie des habitants. Vers 1932, un problème se pose à Macheren : le cimetière autour de l’église est saturé, il est alors décidé en conseil municipal d’acheter une nouvelle parcelle et d’y créer un nouveau lieu d’inhumation. Plus tard vers 1933 le conseil municipal décide de créer un corps de sapeurs-pompiers comprenant 17 hommes qui fonctionne jusqu’en 1939.

XII) La deuxième guerre Mondiale

En septembre 1939, l’armée allemande envahit la Pologne et oblige la France et l’Angleterre à entrer en guerre. Par conséquent les populations résidantes entre la frontière et la ligne Maginot doivent être évacués.

Ainsi les habitants de Macheren et Petit Ebersviller sont accueillis à Rioux Martin en Charentes.

Cet exode est marqué par deux difficultés majeures : la langue (la plupart des évacués ne comprennent pas le français et les locaux le dialecte des évacués) et l’hygiène, jusqu’à 20 personnes pouvant se retrouver dans une même pièce.

Finalement entre les accueillis et les accueillants, la situation s’arrange et les relations en deviennent amicales.

Un mois plus tard, un ordre de rapatriement arrive et les évacués doivent rentrer. Ils découvrent leurs maisons vidées de leur mobilier et les contraintes imposées par les allemands sous le 3ème Reich. Cette période sombre dure jusqu’en mai 1945, date de fin de la guerre.

XIII) Les mutations de la commune après la guerre

Après la guerre et grâce à l’aides des dommages de guerre, les églises, la maison d’œuvres et la chapelle de Lenzviller sont remises en état.

En 1956 il est finalement voté la création d’une deuxième salle de classe, dans une baraque qui est transformée en bâtiment scolaire en 1958.

En 1965 les fondations de la baraque s’effritent et les parois laissent apparaitre des claires voies, lorsqu’il fait froid.

Il faut fermer l’école et l’on transfère la classe à la maison d’œuvres. Des rénovations de l’ancien bâtiment peuvent avoir lieu (nouveau plancher, peinture et installation d’un poêle).

A la fin des années 1950, la population de la commune passe en quelques mois de 700 à plus de 900 habitants ; la société UGILOR installée sur le site de Carling construit au Wenheck un immeuble de plusieurs dizaines d’appartements destinées à loger ses employés. Cette augmentation de population a aussi un effet sur la composition du conseil municipal qui passent à 13 :  7 conseillers de Petit-Ebersviller et 6 conseillers de Macheren.

D’autres changements notables se produisent comme la création du syndicat des eaux de Barst (1962), et la construction du réseau d’eau à Macheren village.

Mais le plus grand bouleversement a lieu avec l’implantation de la cité des employés des HBL qui sort de terre rapidement et en 1965 la population passe de 1044 habitants à 1700. 

Partout dans la cité, les constructions s’enchaînent. Les MIG, constructions spécifiques de maisons comprenant 2 logements pullulent.

La ville de Saint Avold met à disposition 4 classes, pour aider la commune de Macheren, dans l’ancienne école canadienne du Wenheck jusqu’à la construction de la nouvelle école. Ce qui n’empêche pas les enfants de s’amuser lors des hivers rudes d’antan.

Le groupe scolaire ouvre finalement ses portes en 1966. En 1984 le conseil de fabrique cède la maison d’œuvres à la commune pour un franc symbolique. Le bâtiment est immédiatement rénové et agrandi pour en faire une salle très accueillante à Macheren village.

Et aujourd’hui, alors que vous écrivez chaque jour la vie de cette commune qui est la vôtre, vous construisez son présent qui sera à son tour un passé qui viendra grossir les rangs de notre histoire.